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I DON'T KNOW WHAT TO DO WITH MY LIFE!!
28 janvier 2005

Hugh !

J'ai été averti de cette grande nouvelle par un message sibyllin d'un membre assidu du groupe de discussion des fans des Television Personalities : Hugh Cornwell a sorti un nouvel album. Ni une, ni deux, le lendemain, son 'Beyond Elysian Fields' était dans ma besace insatiable, au grand dam de mon larfeuille exsangue (vive les chèques, honni soit qui mal dépense !). Ce nouvel album, pour le moins inattendu, est partiellement produit par Tony Visconti, le Pygmalion du glam-rock british ceint de boas et saupoudré de paillettes - mais le bonhomme, outre "Ziggy" Bowie et Bolan, a également collaboré avec les Stranglers, sur le feutré et vaporeux 'Feline' par exemple, en 1982, où il officiait à la table de mixage. Au verso de la pochette, et gravé sur la galette, on peut lire que 'Beyond Elysian Fields' est sorti en réalité en 2004. Encore un grand disque paru incognito, négligemment délaissé par le marché et sa chienne docile la critique, coincé dans la soute à bagages entre les Samsonite pompeuses aux étiquettes scintillant de mille feux de gloriole repue, Franz Ferdinand, Libertines, Bloc Party, tout ça... Bon, OK, on ne s'enthousiasme pas puérilement pour les faits d'armes d'un vieux briscard opportuniste - Hugh était déjà un vieux briscard opportuniste à l'époque où les Sex Pistols commettaient leurs premiers méfaits, rappelez-vous : 'No More Heroes', hé ! hé !... De toute façon, c'est à l'évidence cette dimension roublarde, ambiguë, crânement désinvolte et volontiers cynique qui fait tout le charme des Stranglers, ce groupe hénaurme, pourfendeur de la bienséance cool, pourvoyeur émérite d'émotions grotesques virant finalement au sublime... Un immense groupe, trop souvent sous-estimé ou carrément décrié pour des raisons fallacieuses. Alors voilà, Hugh Cornwell (est-il utile de préciser que le rat en chef a quitté le vaisseau pirate depuis belle lurette...?) sort un nouvel album, et personne ne s'en émeut. C'est pourtant largement au-dessus de la moyenne pop - et bien sûr, 'Beyond Elysian Fields' terrasse sans trop de gesticulations en vogue le dernier effort des Stranglers amputés, 'Norfolk Coast' (désolé, Jean-Jacques...). C'est tout simplement un disque magistral - on y perçoit de lointains échos des hommes en noir naviguant à vue dans leur période new wave revêche, entre 'The Raven' et 'Feline', mais plus que tout, on y entend un souffle kinksien, rafraîchissant, intemporel, mélancolique, qui a passé il y a dix ans avec la même vigueur juvénile sur le chef-d'oeuvre d'Edwyn Collins, 'Gorgeous George'. Puisque je cite Edwyn, je dois avouer que Hugh Cornwell fait partie de mes chanteurs de rock favoris, avec Edwyn Collins, donc, Alex Chilton, Arthur Lee, Stan Ridgway et Ric Ocasek. Cornwell a toujours cette voix au ton parfaitement détaché, percluse d'insinuations laconiques, de boutades incisives... Autrefois, lui seul détenait cette prodigieuse aisance à passer d’un registre apaisé, mais suggérant en permanence une tension latente, à une palette variée de beuglements rauques au son desquels Lemmy Kilmister lui-même eût pu s’agripper fébrilement aux jupons jersey de sa maman. Rappelez-vous, 'Peaches'... Aujourd’hui, il se cantonne à une certaine sérénité teintée de lassitude, son chant déploie l’éventail anthracite d’un crooner lessivé, rangé des bagnoles, mais extirpant de sa déréliction une espèce de quiétude magnifique, un sentiment mat d’abandon et d’authentique modestie. Faut dire, Hugh Cornwell n’a plus à faire ses preuves - et pourtant, ici, il chante mieux que jamais, ou du moins tout aussi bien que sur 'Feline', son parangon d'élégance noirâtre. Il semble que cet album, qui privilégie dans l’ensemble une option acoustique de bon aloi, lui ait été inspiré par un séjour à La Nouvelle Orléans. Je voudrais en profiter pour reproduire le texte signé de sa main qui accompagne le livret du skeud :

"The Jet Blue airline from New York touches down. It's Monday, there's a clear blue sky and it's very warm. New Orleans has an incredibly laid-back atmosphere and every day feels like Sunday.

All the graves are above ground in New Orleans because the town is built on a swamp and anything that's buried will pop back up within a few months.

Most of the houses look the same. Danny tells me they're called 'shotguns', due to fact that one room leads to another and if you fired a shotgun at the front door you'd be able to hit someone in the room at the far end.

New Orleans was isolated from the rest of the States until the mid-Fifties, at which time the technology of road-building had improved enough to allow the construction of freeways over the swamps.

If you buy a beer in a bar and feel like moving to another next door, they'll put your drink in a plastic cup and you're free to take it with you. It's all about being sociable, which I like.

I wait at the carousel for my bags and my guitars. An unattached bag handle comes round, and it's got a 'HEAVY' label attached to it by a piece of string. Everyone laughs as they see it, and I wish I had a camera.

I get in a cab and tell the driver the name of the hotel I'm staying at.

'That's beyond Elysian Fields', he says as we drive off.

A Multitude Of Sins,

Hugh Cornwell."

Merci, Hugh, pour ce courant d'air frais aux accents spleeniens et crépusculaires que ne renierait pas un Arthur Lee au faîte de sa gloire - à noter que la superbe chanson 'Beauty On The Beach' offre une résonance doucereuse et flûtée aux joyaux balnéaires de 'Da Capo', à savoir 'Que Vida!', 'Orange Skies' et 'She Comes In Colors'... Belle et ambitieuse déclinaison, maîtrisée avec brio...

Hugh, on échange notre sang quand tu veux. J'aimerais avoir dans les veines un peu de cette humeur débonnaire d'ancien étrangleur de vierges effarouchées, hé ! hé !...

Si vous voulez en savoir plus après ça, allez faire un tour sur le site de Hugh Cornwell : www.hughcornwell.com, à l'intitulé charmant, The Torture Garden. On s'refait pas...

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