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I DON'T KNOW WHAT TO DO WITH MY LIFE!!
4 septembre 2004

Finland !

Oui, alors, bon, Bouli Lanners, qui est donc cet énigmatique zigue qui se permet de squatter sans vergogne les cimes glorieuses de mes désormais mythiques Friday Lists...? Hein, qui c'est ce gonze ? Eh ! bien, tout simplement un hilarant comédien belge (peut-être est-ce un pléonasme...), ayant la particularité plutôt prestigieuse d'avoir frayé en de nombreuses et fructueuses occasions avec le phénomène de tension humoristique Benoît Poelvoorde... Il est encore quasiment inconnu au bataillon outre-Quiévrain (je veux dire, en France...), mais il ne saurait tarder à se faire une place au soleil sur nos rivages... Pour ma part, je l'ai découvert dans le magnifique film des camarades grolandais Benoît Delépine et Gustave Kervern, Aaltra, vu en avant-première à l'Etrange Festival (au Forum des Images, en plein coeur des Halles), en compagnie d'Hervé, Christophe, Léo et deux potes à eux. Aaltra se pose comme un road-movie paraplégique, abracadabrantesque et vrombissant, où l'on retrouve avec grand plaisir le sens de l'absurde hénaurme et caustique des deux journalistes stars de la télévision grolandaise. Une poésie rêche et rustaude sourd de ce film, qui roule d'éclat de rire en explosion de joie, dans un noir et blanc granuleux et opiacé - la texture âpre de l'image suggère à  merveille l'état d'ébriété et l'errance pendarde des deux protagonistes, sublimés par une quête bicéphale aussi quichottienne que kafkaïenne. Ca ressemble fort à un film de Kaurismäki (en plus drôle et cruel - vos zygomatiques n'ont pas une seule seconde de répit, ici, je vous préviens...), et ce n'est pas innocent, puisque l'épopée des deux infirmes revanchards s'achève sur la rencontre avec le maître finlandais, au coeur de l'usine bancale de matériel agricole Aaltra - un amas de tôles rouillées et brinquebalantes sous lesquelles se démènent une dizaine d'ouvriers... juchés sur des chariots roulants. Et la boucle est bouclée, quoi... (N.B. : le noeud de l'intrigue, ou le "pitch", comme dirait Ardicon : les deux compères, anciens voisins belliqueux et conséquemment ennemis jurés, se retrouvent écrabouillés sous une benne de fabrication finnoise - la fameuse marque imaginaire Aaltra - à la suite d'une violente altercation campagnarde. Condamnés à l'obsolescence de leurs membres inférieurs, ils décident d'obtenir réparation auprès de la firme sus-mentionnée).

Ah ! j'allais oublier le clou du spectacle... Bouli Lanners, donc. La scène où il apparaît est incontestablement la plus extraordinairement comique que j'ai vue depuis bien longtemps. On s'étrangle tout simplement de rire, on pleure de bonheur. Pour résumer, Lanners interprète le rôle d'une espèce de bête de karaoké finlandais - lorsque sa présence massive envahit l'écran, dans ce décor lugubre et confiné de chaumière boisée, envahie de bikers taciturnes, décorée d'une peu avenante tête de renne, et irisée d'une lumière tamisée, on s'attend à tout sauf à "ça". Un quidam déclenche une rythmique easy-listening blafarde sur son synthé Roland (un sourire se dessine peu à peu sur vos lèvres...), et Bouli s'avance solennellement au milieu de la pièce, et commence à se déhancher d'un air grave et dépassionné... Et alors retentissent ces paroles irréelles : "Sunny...". OK, on connaît la chanson. Là-dessus, la salle entière se bidonne grassement. Bouli Lanners chante avec une voie flûtée et grasseyante de soubrette gironde, totalement en désaccord avec son physique d'ours psychobilly - et il chante, donc, cette scie inébranlable et juteuse de la soul guimauve, 'Sunny' (une compo du "célèbre" Bobby Hebb), reprise toutes espèces sonnantes et trébuchantes par Stevie Wonder, Frank Sinatra, Wilson Pickett, Dusty Springfield, Ella Fitzgerald... and many more... Ce morceau archi-rebattu, aussi familier à un sourdingue viscéral que l'odeur du pétrole et des dollars à la famille Bush, se caractérise par une modulation d'octaves ad libitum. Et dans le film, Bouli Lanners, exemplaire, héroïque, imperturbable, ne se fait pas prier pour atteindre au degré suprême de la tonalité - à la fin, tandis que tous les spectateurs (il faut dire que la passivité lasse et alcoolisée des bikers et autres piliers de comptoir de ce troquet nordique, par un subtil effet de décalage, rajoute à l'insoutenable sens comique de la scène) sont écroulés de rire, à deux doigts de sombrer sous leurs sièges, tout craquelés de contractions rabelaisiennes, le Belge mastoc en arrive à suggérer le grand Chaplin dans son imitation/éructation inspirée des gutturalités germaniques outrageusement mises en relief par son vilain et grotesque Dictateur. En fait, dans le cas de Bouli Lanners, il s'agit plutôt de hoquets furtifs et stridents évoquant une abnégation prochaine, une retraite méritée - MAIS NON, IL CONTINUE, ENCORE UNE FOIS... et là, ça ne ressemble plus à rien, on ne distingue plus la limpidité des précieux sésames pop anglo-saxons, "I love you", "Come on, babe" et consorts, mais rien d'autre qu'une langue étrangère, souterraine et haletante que seul Bouli Lanners SAIT parler (et rien d'autre qu'une mélodie infinitésimale que lui seul SAIT fredonner), mais que tout le monde parvient à traduire au moyen d'un éclat de rire rassérénant. On pourrait croire que j'en fais des caisses, mais ce type, Bouli Lanners, mérite amplement qu'on s'attarde à ce point sur son Art (oui !), et ce au seul jugé de cette saynète irrésistible, post-situationniste, triomphalement crétine, grandiosement absurde. Un must, je vous dis. En conséquence de quoi, encore remué par tant de beauté néo-keatonienne, je ne pouvais faire autrement que de lui alléguer sans discuter la première place de ma septième Friday List - et tant pis pour les jaloux (et Dieu sait s'il y en a, tant mes Friday Lists connaissent depuis leur publication ici-même un succès interplanétaire - faites-moi confiance sur ce point, j'ai à mon service des taupes chevronnées). J'ai vu Aaltra en avant-première, bien sûr, le film sortira sur les écrans français au mois d'octobre - dès que vous le pourrez, courez voir ce pur chef-d'oeuvre, un TRES grand film (sans doute dans le Top 5 de l'année, pas loin de Spiderman 2 et de Gerry ou Turning Gate...) de Benoît Delépine et Gustave Kervern, avec Benoît Delépine, Gustave Kervern, Noël Godin, Benoît Poelvoorde, Joël Robert, Aki Kaurismäki - ET Bouli Lanners. Appelé à régner.

Ca n'a absolument rien à voir, mais pendant toute la séance, j'étais assis à côté d'une bombinette fantastique, et pendant la brève scène d'exposition, avant que l'intrigue picaresque ne s'ébroue bruyamment sur ses rails solides, j'ai rêvassé à une romance timide et moite de salle obscure. La fille était vraiment mignonne, même plus que mignonne : elle était carrément canon. Puis le rire m'a littéralement saisi à la gorge, et je ne l'ai plus remarquée, elle, que par intermittences - son joli rire suave se dérobant gracieusement sous l'hilarité générale. A la fin de la projection, Benoît et Gustave sont venus répondre aux questions étouffées de l'assistance, il en ont profité pour faire les pitres et ajouter une générosité remarquable à leur immense talent. Mais ma nymphe de strapontin s'est bien vite éclipsée, hélas... Lorsqu'elle s'est levée, j'ai eu la consolation affûtée d'entrevoir son string immaculé dépasser de son jean étriqué (hum, hum, étriqué, oui, je parle du jean...) - et j'ai pu apprécier le contraste de cette blancheur affolante ramenée en bandes (hum, hum) ténues sur le teint délicatement hâlé de sa peau, louvoyant comme une ombre sur la cambrure de ses reins... Hmmm... Bon, faut que je me calme, moi...

A propos de ça (enfin, ça n'a rien à voir... enfin, je crois...), Ema est partie - c'était mardi soir. J'aurais pu en parler avant, mais... En réalité, j'en ai parlé avant, puisque pas plus tard qu'hier, j'ai rédigé un très beau texte, très profond, sur son départ, et l'étrange relation que nous avons entretenue pendant ces quelques mois où j'ai eu l'opportunité de la connaître. Mais une fausse manip a envoyé ce (long) texte au diable vauvert... PUTAIN, SUR LE COUP, J'ETAIS VENER !!! J'ai enragé ma putain de race... A croire qu'une force délétère s'oppose à toute tentative de rapprochement ou d'élucidation de l'énigme "Ema"... A croire que nous sommes maudits, voués à une incompatibilité d'humeur éternelle... Oh ! et puis, je m'en fous, après tout, elle est partie, elle n'existe plus pour moi (c'est ce que j'expliquais dans le texte envolé) - c'est comme si elle était morte (ça aussi, je l'expliquais, et j'ose le rapporter ici, au risque d'offenser les âmes sensibles...), voilà tout. Mais bon, je vais bien être obligé de parler d'elle encore un peu, et j'ai tout simplement décidé d'aborder le sujet Ema avec un brin de recul élémentaire, et sous forme d'une chronologie chapitrée. Je pense que ça m'aidera à y voir plus clair, à mieux appréhender la dégradation irréversible de notre complicité. Je pense.

Tiens, à propos, ça n'a rien à voir (enfin...), mais juste par curiosité, que deviens-tu, Séverine D. ?   

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Commentaires
R
bouli,c,est riquet,grand pote a gabs,je viens d,aller voir quand la mer monte,j,ai adore...dommage que tu ne joues pas longtemps dans ce film,juste le temps de te faire piquer une botte de poireaux par yolande poireaux...oh,pardon,yolande moreau et comment wim machin,la,le flamand...ah oui,wim willaert,voila...
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